Vos parents vous donnent de (trop) grandes responsabilités

De bonne grâce ou non, vous aidez votre frère ou votre sœur. Vos parents en sont contents et vous pouvez en être fier et heureux. Mais ce rôle de « gentille sœur » ou de « frère dévoué » ne vous convient pas toujours.

Parfois vous trouvez que l’on vous en demande trop mais, comment refuser sans entrer en conflit avec vos parents… ou avec vous-même ? Il peut être vraiment difficile de reconnaître, d’exprimer et faire respecter ses limites !

Il est possible que vos parents ne vous y aident pas assez et ne voient pas que vous avez besoin d’être un peu déchargé. Mais il est aussi possible qu’inconsciemment, vous vous empêchiez de ressentir le désir d’en faire moins et que vous montriez même tout l’inverse dans votre comportement. Vous ne réaliserez peut-être tout cela que bien plus tard, lorsque vous découvrirez que vous ne savez jamais dire non, par exemple.

D’autres frères et sœurs ou des professionnels peuvent peut-être vous aider à réfléchir à ces sentiments mêlés (voir en parler).

Eléonore, 23 ans :

Sans que cela me soit imposé par mes parents, j’ai, durant mon adolescence, consacré énormément de temps et d’énergie à ma petite sœur. A mon entrée à l’université, j’ai été vivre en kot, et je me suis alors rendu compte que j’avais besoin de ME consacrer du temps et de l’énergie afin de ME construire. Cette distance par rapport à ma famille et au handicap de ma sœur m’a fait beaucoup de bien et m’a permis de trouver un juste équilibre entre la construction de MA vie et de MA personnalité, et les liens que j’entretenais avec ma famille. A l’adolescence, je me suis clairement mise de côté afin de tout consacrer à ma petite sœur et à son épanouissement. Lors de mon passage à l’université, le fait de trouver un équilibre entre les deux m’a fait un bien fou. (9)


Sœur d’Alice :

Pour ma part, le quotidien avec le handicap d’Alice et les responsabilités qui m’incombaient sont devenus très pesants pendant mon adolescence. En plus d’aider activement ma mère à s’occuper d’elle, il me fallait supporter au collège le rejet et les moqueries de tous ceux qui ne me trouvaient pas assez sportive, trop « intellectuelle »… Vers quinze ans, mes parents ont réalisé le poids que c’était pour moi. Cela peut vous sembler tardif mais je ne leur en veux pas, cela s’est fait comme ça, c’est tout. Ils m’ont alors encouragée à prendre de la distance sans culpabiliser.
J’ai donc décidé de partir de chez ma mère, ce qui m’a permis de retrouver ma place de grande sœur. Mon départ en internat puis chez mon père nous a rapprochées, avec Alice, et nous sommes désormais très complices (…) Si vous éprouvez le besoin de prendre vos distances, FAITES-LE. Personne ne vous jugera. C’est une situation difficile à vivre, et vous n’êtes responsable ni de votre frère/sœur, ni de vos parents. Ne vous sacrifiez pas pour eux – ça ne rendrait service à personne, car vous finiriez par leur en vouloir. Et par culpabiliser de leur en vouloir… (18)


Louis, 52 ans :

Avoir une sœur handicapée ne m’a posé aucun problème. Pourtant, Dieu sait si le handicap de Martine était difficile à gérer… Pour mes parents, tout enfant était un don du ciel. Jamais mes parents ne m’ont dit qu’elle était handicapée, pour eux elle était juste différente. Mes parents ne se sont jamais sentis coupables d’avoir un enfant handicapé ni de l’imposer à la fratrie. Dans une famille, on se serre les coudes et on s’occupe des plus faibles. Jamais mes parents ne nous ont dit, à mon frère et à moi, que nous avions le droit de laisser tomber Martine.
Aujourd’hui mes parents sont décédés et Martine vit depuis longtemps dans une institution, mais nous nous relayons toujours pour qu’elle passe le week-end et les fêtes en famille. Parfois c’est un peu une corvée car je préfèrerais faire autre chose… alors je me dis que si cela m’était arrivé à moi, j’aurais bien été content d’être né dans une famille comme la mienne, où les choses se vivaient simplement. Peut-être que pour mes parents ce n’était pas si simple que cela car il y avait de tas de choses qu’ils ne pouvaient pas faire avec Martine. (7)


Nestor :

Ma mère me dit toujours que je suis le seul garçon et que je dois m’occuper de mes sœurs et surtout de Marina (atteinte de surdité). Je suis toujours avec elle. Ma mère me dit que je suis celui qui la comprend le mieux quand elle parle. Du coup, je dois m’occuper d’elle quand elle va partout parce que parfois les gens ne la comprennent pas et elle se sent mal. (88)