Vous êtes préoccupé(e) par vos parents

Quand vous avez découvert le handicap de votre f/s, vous avez peut-être en même temps découvert de la tristesse ou de la colère chez vos parents. Ils paraissent tout le temps soucieux, ou tristes, ou nerveux, ou… fragiles. Rien de ce que vous tentez ne semble les consoler.

Vous les voyez peut-être s’épuiser par l’accumulation des démarches ou des mauvaises nuits, par exemple. Et vous avez beau les aider ou vous faire tout petit, cela n’y change rien… ou si peu.

Vous percevez peut-être que vos parents réagissent différemment et que certaines tensions apparaissaient entre eux. Vous feriez tout pour les réconcilier… (parfois même de grosses bêtises pour détourner leur attention ! )
Vous vous demandez comment vos parents vont s’en sortir ? Et s’ils baissent les bras, qu’arrivera-t-il alors à toute la famille ? Et particulièrement à vous ?

Fragilisés par le handicap d’un de leurs enfants, les parents n’ont pas toujours conscience du sentiment d’impuissance ou d’insécurité de leurs autres enfants. C’est parfois un appel à l’aide de l’un d’eux qui leur ouvrira les yeux. Ou bien, il faudra parfois qu’un proche ou qu’un professionnel les aide à réaliser qu’ils ne vont pas bien et à prendre les dispositions nécessaires pour aller mieux.

Les relations avec vos parents

Sylvie, 29 ans :

Vu de l’extérieur, mes parents semblaient avoir accepté le handicap de mon frère Maxime. Je me souviens qu’un jour, nous étions à la plaine de jeux et un gosse du quartier s’est approché de Maxime et l’a insulté en le traitant d’handicapé baveux, et pire encore. Ma mère était furieuse, en a parlé avec mon père qui a rappliqué le jour après à l’école du quartier. Il a fait un tel foin que cet enfant n’osait plus lever les yeux. Je ne vous dis pas la tête de ses parents qui ont dû s’expliquer de leur mauvaise éducation. C’est alors que j’ai compris que le handicap de mon frère faisait toujours mal, très mal à mes parents et que de ce fait, ils étaient eux-mêmes devenus intolérants vis-à-vis de tous ceux qui ne se montraient pas sympas avec mon frère. Je trouvais leur réaction disproportionnée. Franchement, j’aurais préféré que l’on discute sereinement avec cet enfant et sa famille. Ce n’est pas par l’humiliation que l’on apprend à quelqu’un le respect des personnes handicapées. Mes parents ont raté leur coup car ils l’ont humilié. Quant à moi, j’étais morte de honte pour eux, mais je n’ai jamais osé leur dire. (99)


Alice, 38 ans :

Quand on a annoncé le diagnostic de handicap à mes parents, j’ai cru voir ma mère vieillir de dix ans en quelques jours. Mon père quant à lui, a réagi d’une drôle de façon, d’abord par une immense colère qui nous a tous ravagés, et puis par un dévouement total à mon frère, son seul garçon. Comme mon frère est autiste de haut niveau et était capable depuis tout petit de performances exceptionnelles, mon père l’a amené à droite et à gauche, comme une sorte de phénomène de foire. Ma mère l’a laissé faire, c’était ça ou l’éclatement de la famille. Elle ne s’est jamais opposée à cette utilisation impudique des talents de mon frère, à cet exhibitionnisme parfois pathétique. Ce n’est que beaucoup plus tard, lors de ma propre psychothérapie, que j’ai compris que mon père essayait ainsi de réparer la terrible blessure narcissique due au handicap de mon frère. Si seulement nous avions pu avoir un soutien au moment du diagnostic, peut-être que mon frère aurait été accepté pour ce qu’il est et pas pour ce que mon père voulait qu’il soit. (32)


Magali :

La vie que menait ma mère m’a toujours préoccupée. Elle consacrait sa vie à ma sœur et ne pouvait profiter de rien… et pas non plus de moi. (64)


Estela :

Ma mère aussi a arrêté de faire des tonnes de choses pour elle-même. Elle s’est sacrifiée pour mon frère. (101)


Juana :

Je crois que le pire qui nous soit arrivé dans l’enfance était que nous ne pouvions pas profiter d’une mère qui ne profitait pas de la vie. (102)