En parler avec vos parents

Ce que vous éprouvez est confus, difficile à exprimer ?
Vous souhaitez en parler avec vos parents, mais vous n’osez pas ou vous n’y arrivez pas ?
Vos parents vous questionnent, mais vous préféreriez qu’on vous laisse tranquille ?
Le besoin de parler de ce que l’on ressent est variable d’une personne à l’autre et fluctue avec le temps.

Certains f/s y parviennent en posant progressivement des « petites questions ». D’autres provoquent le dialogue par des paroles ou des gestes forts. Il arrive aussi que les parents prennent eux-mêmes l’initiative de la discussion, mais pas toujours au moment le plus propice… Les premiers mots peuvent être maladroits ou ne pas être accueillis dans un premier temps comme on l’avait espéré.

Peut-être avez-vous peur de ce que déclencheront les mots. La souffrance, la colère, la tristesse depuis si longtemps souterraines peuvent soudain éclater et déclencher une crise familiale. Parfois c’est une étape nécessaire pour accéder ensuite au dialogue et à plus de sérénité.

Eléonore, 23 ans :
J’ai eu beaucoup de mal à aborder ce sujet (le handicap de ma sœur) avec mes parents car je savais que c’était un sujet qui les touchait profondément. Je ne voulais pas les rendre tristes en leur parlant du handicap de ma sœur et surtout, de la manière dont je vivais son handicap au quotidien. Du coup, je me suis tue pendant très longtemps. La seule personne avec qui je savais en parler, c’était avec une de mes amies d’enfance, Elise, qui avait deux frères handicapés. Puis un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé à ma maman d’aller voir un psychiatre pour qu’il puisse m’aider à accepter le handicap de ma sœur. Je parle plus souvent du handicap de ma sœur avec mes parents même si cela reste très émouvant comme sujet. (36)


Anonyme :
Enfant, j’avais le sentiment que ma sœur prenait toute la place. Mes parents avaient le regard fixé sur elle, même à table. Quand je leur parlais, j’avais l’impression qu’ils ne m’écoutaient pas. Un jour, j’ai osé le dire à mon père. A partir de ce jour, une fois par quinzaine, mon père est venu me chercher le mercredi midi à la sortie de l’école. Quand on avait fini de manger, on faisait une bataille navale sur la nappe en papier et il me laissait toujours gagner. Ces moments d’intimité avec lui m’ont aidé à mieux supporter ma sœur. Il n’y avait pas qu’elle qui comptait. (38)


Laure :
C’est de ma faute si mon frère ou ma sœur est handicapé parce que j’ai été méchant ou eu de mauvaises pensées. Pour ma part, j’ai cru pendant longtemps que puisque ma sœur avait eu un malheur à la naissance et pas moi, j’allais vivre à un moment ou à un autre quelque chose de terrible pour équilibrer ce lot de malheurs que moi, la privilégiée, je n’avais pas eu en naissant ! Cette croyance était tellement ancrée que je n’osais pas le dire et je pensais que de toute façon personne ne pouvait rien pour ce malheur qui allait m’arriver ! Mais le jour où j’en ai vraiment parlé avec mes parents, cette idée s’est envolée. Il est vrai qu’elle revient parfois sans que je puisse la contrôler. (37)